" Dans tous ses films, qui sont des films d'amour et de tourment, les personnages luttent contre le mal de vivre, la fuite inexorable du temps, veulent faire de l'absolu avec de l'éphémère. Et même s'ils ne racontent pas la vie de Guy Gilles, ils sont autobiographiques; une suite de rencontres, les blessures inguérissables d'une passion récurrente. "
Jacques Siclier
Critiques
Soleil éteint
Au biseau des baisers
L'Amour à la mer
Pop Age
Au Pan Coupé
Vie Retrouvée
Le Partant
Le clair de terre
Proust, l'art et la douleur
Absences répétées
Le Jardin qui bascule
Saint, martyr et poète
La Vie Filmée
La loterie de la vie
Le Crime d'amour
Un garçon de France
Nuit Docile
Le film du jour, par Henry Chapier
Plus qu'un joli court métrage : une promesse
Je ne reviendrai pas aujourd'hui sur la grande misère du court-métrage français, qui se voit le plus souvent attribuer des prix dans les festivals, mais que les distributeurs continuent de mépriser, leur préférant n'importe quel remplissage, acheté à bon compte.
Seules font exception les salles de cinéma d'art et d'essai, et quelques ilots aux Champs-Elysées où l'on pratique une programmation intelligente. Pour le reste, l'exploitant considère le court-métrage juste bon pour donner aux spectateurs le temps de garer leur voiture ou d'acheter des bonbons acidulés.
C'est bien pourquoi il convient de signaler les cas d'espèce, la découverte - tout à fait par hasard - d'un très joli court-métrage dans une salle populaire de Clichy qui affichait un Maciste contre les fantômes. Il s'agit d'une petite oeuvre tendre, sensible, qui - sans être dans le domaine du court-métrage une de ces bombes expérimentales qui explosent dans le ciel d'un festival d'avant-garde - n'en reste pas moins une promesse d'avenir pour son jeune réalisateur, Guy Gilles, qui tourne d'ailleurs, en ce moment, son premier long métrage, L'amour à la mer.
Douce Algérie...
Guy Gilles, qui n'est pas un pied-noir, a ramené dans sa caméra (alors qu'il faisait en Algérie son service militaire) une série d'images enchantées de ce pays ensoleillé où une jeunesse dorée vivait, il y a quelque deux ans et demi, ses dernières journées de bonheur...
En filigrane, une mince histoire d'amour entre deux très jeunes gens sert de prétexte à l'évocation de cette douce Algérie, dont Jean Pelegri déjà nous avait donné le goût, la couleur, avec Les Oliviers de la Justice. Mais avec le petit film de Guy Gilles, ces gorges de Tipaza, ce port enchanté de La Madrague, prennent un autre relief : on comprend tout à coup la ferveur d'écrivains comme Jean Brune (et notamment certains passages de son beau livre " Cette haine qui ressemble à l'amour ", publié aux éditions de la Table Ronde), et aussi l'attachement, l'attrait, la fascination qu'ont de toujours exercé le paysage et la terre d'Algérie chez les poètes...
Au biseau des baisers éveille sans doute chez nous un écho plus profond, plus cuisant aussi par cet effet de contraste entre ce présent encore assez sombre dont les échos nous parviennent tous les jours, et le coup d'oeil affectif sur un passé qui semblait figé dans le bonheur, pour l'éternité. Mais au-delà de cette émotion et d'une poésie qui doit beaucoup au soleil et au souvenir, il y a le talent de Guy Gilles, un talent plein de promesses...