" Dans tous ses films, qui sont des films d'amour et de tourment, les personnages luttent contre le mal de vivre, la fuite inexorable du temps, veulent faire de l'absolu avec de l'éphémère. Et même s'ils ne racontent pas la vie de Guy Gilles, ils sont autobiographiques; une suite de rencontres, les blessures inguérissables d'une passion récurrente. "
Jacques Siclier
Critiques
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LE SUJET
« Si la vie nous sépare, le souvenir du temps où nous nous connûmes, durera »
Marcel PROUST
Le Clair de terre pourrait s'intituler « quelques mois de la vie de Pierre Brumeu », et ce n'est pas un hasard si les paroles d'une belle chanson d'amour, populaire et un peu triste, résumeraient le mieux ce court temps - temps du film et temps vécu par notre personnage: « Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, tout doucement, sans faire de bruit... » (Jacques Prévert, Les Feuilles mortes).
Né sous le signe du déracinement - son père quitte l'Afrique du Nord au moment de la décolonisation - Pierre est un enfant séparé du pays natal. Sa mère meurt lorsqu'il a cinq ans et il grandit, élevé par un homme meurtri, séparé à la fois de l'être qu'il aimait et de la terre natale dont il garde, profonde, la nostalgie.
Enfant solitaire, Pierre grandira dans le souvenir de cette mère et de ce temps (la jeunesse de ses parents) qui n'est pas à lui... Lorsqu'il fuit Paris, après quelques années d'une adolescence désordonnée, c’est pour retrouver, dans la campagne française, Maria, une ancienne élève de son père que la vie meurtrit à son tour. Jean, son mari vient de mourir, enlevé par un mal dont le nom ne sera jamais prononcé, mais dans lequel on pourra reconnaître le cancer.
Enfin, après avoir quitté Maria, il rejoint cette terre natale où l'ont mené, malgré lui, les souvenirs de famille. Il y fait la rencontre de Madame Larivière, une femme seule aussi, ancienne amie de ses parents n'ayant pas quitté la Tunisie, et dont le mari Gilbert est mort, cinq ans auparavant. Mais en écoutant la douce et sereine Simone Larivière, Pierre comprend que ce qui est plus fort que la douleur même de l'arrachement et de la séparation, c'est le temps vécu, le temps passé ensemble, à tenter d'être heureux.
En signe d'attachement, c'est à elle que Pierre confie comment une simple chanson d'amour entendue dans un bal au bord de l'eau, tout comme la Madeleine de Proust, lui ramena un bout de temps qu'il croyait perdu et par la même occasion, lui révéla un côté de son propre caractère dont il n'avait pas conscience auparavant.
Lorsque Pierre rentre à Paris, il sait déjà qu'il repartira. Il veut voyager, essayer de voir, découvrir, comprendre, enfin vivre.
Autrefois les hommes regardaient le clair de lune. Aujourd'hui, de la lune, les cosmonautes voient le clair de terre. Le clair de terre, c'est le monde futur, celui dans lequel vivra et vieillira à son tour Pierre Brumeu...
(Tiré du dépliant distribution)