Guy Gilles   Cinéaste français (1938 - 1996)
Guy Gilles

" Dans tous ses films, qui sont des films d'amour et de tourment, les personnages luttent contre le mal de vivre, la fuite inexorable du temps, veulent faire de l'absolu avec de l'éphémère. Et même s'ils ne racontent pas la vie de Guy Gilles, ils sont autobiographiques; une suite de rencontres, les blessures inguérissables d'une passion récurrente. "

Jacques Siclier

Critiques

Histoire d'un CLAIR DE TERRE, par Alya Bouhadiba


Parce qu'il est né en Tunisie, parce que la Tunisie a été le décor privilégié pour le tournage de ce film, parce qu'entre une histoire et le cadre qui lui est dévolu, il existe des affinités intangibles, nous avons demandé à Jacques PORTET de noue parler de la réalisation de Guy Gilles : Le clair de terre.
Que sait-on de Jacques PORTET, outre le fait qu'il a quitté la Tunisie à l'âge de six ans? qu'il fait actuellement partie de la génération montante des jeunes acteurs? LELOUCH l'avait choisi pour son premier film Des filles et des fusils. Puis il avait fait la connaissance de Guy Gilles. Ils avaient travaillé ensemble et caressé un projet en commun : porter à l'écran le livre de Monique LANGE Cannibale en Sicile avec Guy Gilles pour metteur en scène, Jacques P0KTET et Annie GIRARDOT pour vedettes et Guy Gilles et Jacques Portet pour producteurs.
L'idée était lancée. Et comme toute idée, elle prenait chair : tant qu'à faire de la production, pourquoi ne pas commencer tout de suite et avec un projet immédiat : Le Clair de terre. De la conception à la réalisation il n'y a guère loin. Et l'ALBERTINE - FILM prenant vie. Pourduoi appeler Alibertine cette toute jeune maison de production ?
Parce que Guy Gilles est passionné de Proust et Jacques Portet de Camus, et que dans Albertine il y a aussi Albert. C'est ainsi que tout a démarré.

EDGAR KUHN et l’AMERICAIN-TUNISIAN FILM allaient partager la production. Lelouch et les “Films 13”, offrir son cautionnement moral, et promettre de s'occuper de la distribution. Et c'est là une chose fort importante pour la réussite d'un film. Commerciale sans l'être, c'est là une très belie histoire, très poétique, très tendre. Et il est primordial que le film soit bien distribué.
Ainsi Au pan coupé, le premier long-métrage de Guy Gilles n'avait pas marché aussi bien qu'il aurait dû parce que justement il était mal promu. Or pour toute cette jeune équipe, la réussite de ce film est un test, la pierre de touche qui les révélera, la récompense d'un capital de travail et d'efforts.
Pourquoi pour le tournage avoir privilégié la Tunisie sur l’Algérie, terre natale de Guy Gilles. et précédemment désignée?
A cause de Jacques PORTET tout d'abord et des souvenirs vivaces qu'il en avait gardé, à cause d'EDGAR KUHN qui vient y passer tous les étés depuis 5 ans, à cause d’Edwige Feuillère, qui devait y jouer RODOGUNE, à cause de Roger Hanin qui avait assisté l'an dernier au festival de Carthage, et qui tenait à y revenir – à cause de Guy Gilles enfin, qui a accepté de s’initier à la Tunisie, qui a compris qu'un pays ça ne se racontait pas, ça se vivait, ça se voyait, et qui reconnaît: « Pour un film uniquement en plan éloigné, l'Algérie est plus belle. Mais dès qu'on dans le détail, qu'on aborde le gros plan, la Tunisie, toute en nuances, est beaucoup plus délicate, plus subtile - C'est un pays qui se livre difficilement, mais qui donne beaucoup”.
Ce jeune film d'une jeune équipe et d’une jeune maison de production offre une extraordinaire pléiade de vedettes : Edwige Feuillère surlaquelle on ne comptait pas à l'origine, le rôle ayant été écrit pour Simone Signoret - il y avait eu malentendu, le scénario fut alors soumis à plusieurs actrices. Edwige Feuillère fut celle qui réagit avec le plus de sensibilité à un rôle tout en nuances.
Micheline Presles, que Jean-Claude Brialy avait introduit dans l’équipe, accepta tout de suite un rôle : elle faisait partie d’un jury pour Au pan coupé. C'est Jacques PORTET encore qui persuade Roger HANIN de jouer dans Le clair de terre. Il avait en effet repris au pied levé l’an dernier le rôle principal dans une pièce écrit par le Gorille du cinéma “Ciel où sont passées les dattes de ton Oasis”.
Jacques François fut le plus coriace. Le rôle était très court mais on tenait absolument à lui. Deux heures de palabres acharnés parvinrent è lui insuffler l'enthousiasme. Denise NOEL était à Tunis, on créa un rôle pour elle ainsi que pour KALED et Marisa ABDEL Waheb..
Et Jacques Portet ? Il joue en quelque sorte le pendant du premier rôle. Patriri Jouané, mais pour lui il n'y a pas eu de coupure avec son enfance. Il est resté en contact avec la Tunisie où il revient chaque année retrouver ses parents. Contrairement au héros du film pour qui tout est chimères, rêves d’enfance, lui a des souvenirs réels.

Alya Bouhadiba (tiré d’un quotidien tunisien, sans doute La Presse de Tunisie)