" Dans tous ses films, qui sont des films d'amour et de tourment, les personnages luttent contre le mal de vivre, la fuite inexorable du temps, veulent faire de l'absolu avec de l'éphémère. Et même s'ils ne racontent pas la vie de Guy Gilles, ils sont autobiographiques; une suite de rencontres, les blessures inguérissables d'une passion récurrente. "
Jacques Siclier
Critiques
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Par Max Tessier
Troisième film de son auteur, Clair de terre est un film de pied-noir sur les pieds-noirs : sujet dangereux s’il en est, qui peut mener à tous les excès de sentimentalité et de « chauvinisme » plus ou moins odieux. Guy Gilles n’évite pas toujours ces pièges, comme dans certaines scènes « familiales » en Tunisie à la fin, mais sait conférer une véritable humanité à cette nostalgie un peu douteuse d’un fils de pied-noir (Patrick Jouané) pour un pays qu’il n’a jamais connu, et dont son père lui a trop parlé. Film du déracinement, mais aussi contre un certain enracinement, Clair de terre ne triche pas avec une séduction formelle non seulement évidente, mais liée directement à l’attitude du personnage dans son itinéraire géographique et sentimental : l’abondance des plans et des angles (parfois un peu gratuits), l’émiettement de la structure, rendent parfaitement l’éparpillement moral du jeune homme, et c’est finalement à un autoportrait éclaté de l’auteur que nous assistons.
Cinéma. Numéro 47, juin 71 (p.25-26)