Guy Gilles   Cinéaste français (1938 - 1996)
Guy Gilles

" Dans tous ses films, qui sont des films d'amour et de tourment, les personnages luttent contre le mal de vivre, la fuite inexorable du temps, veulent faire de l'absolu avec de l'éphémère. Et même s'ils ne racontent pas la vie de Guy Gilles, ils sont autobiographiques; une suite de rencontres, les blessures inguérissables d'une passion récurrente. "

Jacques Siclier

Critiques

"Vie retrouvée", par Jacques Siclier

L’opération Apollo et la Tchécoslovaquie à l’heure de l’invasion soviétique avaient fait l’objet d’excellents reportages dans les précédents numéros de " Choses vues ". Le magazine de Roland Darbois et Roger Stéphane nous a offert cette fois une sorte de méditation sur le temps et le souvenir, sans aucun rapport avec l’actualité.

À partir de cartes postales, de lettres et de carnets de notes trouvés dans une maison abandonnée en Ardèche, Jean Rieser-Nadal et Guy Gilles ont tenté de reconstituer la vie d’une femme inconnue, dont ils ne possédaient même pas une photographie. Leur enquête se heurte à l’oubli; les éléments biographiques sont rares, les recherches aboutissent à des immeubles disparus ou en cours de démolition. Or cette absence créé un mythe. Les lettres écrites à Germaine par un officier de Marine de 1912 à 1919 laissent deviner une histoire d’amour qui fut peut-être banale mais qui est interprétée comme le signe de la « vie retrouvée ». Délicatement remuées, les cendres du passé livrent ainsi la projection d’un monde sentimental qui ne sera jamais vérifié.
Cette démarche littéraire (on pense à Proust mais aussi à la démarche verlainienne) s’adresse à l’imagination. Chacun peut donner à Germaine le visage de ses songes comme l’ont fait les auteurs de cette enquête, dont les images au présent sont autant d’instantanés photographiques d’une rêverie personnelle. À la fin, on revient à la réalité du reportage traditionnel. Dans le village où Germaine s’est retirée, où elle est morte très âgée, quelques personnes se souviennent d’elle. Quelques détails prosaïques sur lesquels le mythe risquerait de trébucher si Jean Rieser-Nadal et Guy Gilles à la paix poétique d’un cimetière de campagne l’ombre évoquée par eux avec son mystère.
Voilà un essai qui mérite l’attention par son point de vue original et son charme insolite.

Le Monde. 20-21 avril 1969.
D.R.


Par Bernard Soulé

Avec Vie retrouvée, Jean Riesser-Nadal et Guy Gilles, tentaient de faire revivre l'amour d'une jeune fille et d'un capitaine au long cours pendant la guerre 14-18, grâce aux lettres qu'ils échangèrent. Il y avait quelque chose d'émouvant dans cette recherche nostalgique du temps perdu. Les frémissements de deux âmes ne sont plus que des jambages qui pâlissent déjà. Mais la poésie qui se dégageait de ces lettres quelque peu desservie par der images vagues, pas toujours appropriées, et par un commentaire parfois ampoulé. C'est fort dommage.

(Coupure non identifiée)