" Dans tous ses films, qui sont des films d'amour et de tourment, les personnages luttent contre le mal de vivre, la fuite inexorable du temps, veulent faire de l'absolu avec de l'éphémère. Et même s'ils ne racontent pas la vie de Guy Gilles, ils sont autobiographiques; une suite de rencontres, les blessures inguérissables d'une passion récurrente. "
Jacques Siclier
Critiques
Soleil éteint
Au biseau des baisers
L'Amour à la mer
Pop Age
Au Pan Coupé
Vie Retrouvée
Le Partant
Le clair de terre
Proust, l'art et la douleur
Absences répétées
Le Jardin qui bascule
Saint, martyr et poète
La Vie Filmée
La loterie de la vie
Le Crime d'amour
Un garçon de France
Nuit Docile
Désarroi romantique
Par Jacques Siclier
Est-il mythomane, cet adolescent qui prétend avoir trouvé, dans un terrain vague de banlieue, le cadavre d'une ancienne chanteuse et cherche à vendre son témoignage à un journaliste homosexuel qu'il provoque tout en lui affirmant " être fait pour le corps de la femme ? "
Trop longtemps absent du cinéma français, Guy Gilles revient avec un film en forme de puzzle, tendre et douloureux, placé sous le signe de la dualité (l'ambivalence sexuelle masculine, les sœurs jumelles), peuplé de jeunes hommes fragiles et de femmes mûres, traversé de zones d'ombre où rôdent des êtres perdus.
L'intrigue, faussement policière, est le fil d'Ariane d'un mal de vivre cher à un auteur romantique pour qui l'amour est toujours un sacrifice et le temps qui passe, un dévoreur de vie, d'idéal inassouvi. Le style précieux, raffiné, de Guy Gilles est le murmure esthétique des confidences et de la sensibilité blessée. L'espace émietté traduit la fièvre d'un absolu insaisissable, pour lequel il faut lutter, pourtant, quitte à en mourir ou à être interné.
Seul solide dans ce microcosme des blessés de l'amour, Richard Berry (parfait dans un rôle insolite pour lui) mène une enquête psychanalytique : elle répond à un appel au secours perçu à travers la mythomanie de Jacques Penot, nouveau et troublant visage de cette adolescence en désarroi qu'on retrouve dans tous les films de Guy Gilles. Double image de la féminité adulte, refuge maternel illusoire, Macha Méril s'inscrit, avec un rien de déséquilibre, dans la galerie des personnages auxquels le cinéaste, obsédé par la course inexorable du temps, délègue les plaintes sourdes de sa nostalgie.