" Dans tous ses films, qui sont des films d'amour et de tourment, les personnages luttent contre le mal de vivre, la fuite inexorable du temps, veulent faire de l'absolu avec de l'éphémère. Et même s'ils ne racontent pas la vie de Guy Gilles, ils sont autobiographiques; une suite de rencontres, les blessures inguérissables d'une passion récurrente. "
Jacques Siclier
Critiques
Soleil éteint
Au biseau des baisers
L'Amour à la mer
Pop Age
Au Pan Coupé
Vie Retrouvée
Le Partant
Le clair de terre
Proust, l'art et la douleur
Absences répétées
Le Jardin qui bascule
Saint, martyr et poète
La Vie Filmée
La loterie de la vie
Le Crime d'amour
Un garçon de France
Nuit Docile
TEXTE(S) DE SOUTIEN DE L'ACID
dans le cadre de la présentation du film à Cannes en 2005.
Pourquoi amener à Cannes, temple de l'actualité, le film d'un cinéaste mort tourné en 1962 quand tant de films restent à la porte ? Eh bien parce qu'il faut rafraîchir la mémoire, parce qu'un film ne se regarde pas juste une semaine, parce que l'amour pour un film est la seule raison qui vaille… mais surtout parce que "L'Amour à la mer" nous rappelle qu'on peut être léger et dire beaucoup de choses sur une époque, sur les gens simples, sur leurs problèmes existentiels et tout ça dans la jubilation d'une écriture cinématographique totalement libre et ludique. Guy Gilles utilise tout : la chanson populaire, la voix off, la photo, le flash back, un montage qui se construit comme une musique, qui n'a pas peur des ellipses, un récit vagabond dépourvu de dramaturgie ampoulée. Il raconte une bluette sentimentale, parle des rideaux de la grand-mère et nous voyons l'amour, l'attente, les doutes, les conditions de vie difficiles, la guerre, l'amitié, l'espoir. Ce n'était pas pensable de ne pas montrer ce film, nous en avons trop besoin.
Marie Vermillard
"L'Amour à la mer" est un beau premier long métrage ardent et tremblant (1962-1965, le temps de le tourner sans le sou), réalisé par une jeune homme de 25 ans, dix ans de moins qu'un autre jeune homme, Paul Vecchiali, lorsqu'il tourne "Les Ruses du diable" en 1965 – tous deux avec la même interprète principale, Geneviève Thénier, qui jouera deux années plus tard avec d'autres marins dans "Les Demoiselles de Rochefort" de Jacques Demy, lequel avait tourné "Lola" en 1961, un an avant que Guy Gilles, non à Nantes mais à Brest, ne fasse chanter Lili Bontemps ("Lili Lamour") dans un cabaret… À ce petit jeu (de pistes), on peut arpenter Brest et Paris, et découvrir le "pan coupé" d'une époque contenue en plans de coupe dans un film fredonné à la manière d'une chanson d'amour réaliste par Guy Gilles, ce bel acteur aussi, sorte de Gérard Blain gracile à la bouche d'Albert Camus, et dont le cinéma aujourd'hui, comme chante Damia dès l'ouverture, fait encore figure de "l'étranger" « qui par l'amour délaissé ne trouva pour le bercer que la mer câline ».
Sandrine Rinaldi