Guy Gilles   Cinéaste français (1938 - 1996)
Guy Gilles

" De la place de l'Europe partaient encore d'autres rues qui promettaient des voyages. On pouvait faire le tour du monde avec le nom de tous ces pays et de toutes ces villes. Souvent, des promeneurs désœuvrés s'arrêtaient à la grille qui donnait sur la voie ferrée. Un enfant rêveur comptait les trains qui passent. "

 

Guy Gilles, extrait de L'été recule, roman (inédit).

Scénario (extraits)

Ce texte est situé à la fin du film. Il a été enregistré (et écrit) bien après le tournage, et la post-synchronisation se cache à peine, donnant à la parole un statut très particulier, à mi-chemin entre dialogue et voix intérieure, off.


Lui -  Ce dimanche est différent des autres…
Elle – Ce n’est pas ce dimanche qui est différent, c’est nous… Oui, ça m'a pris au bal. Cette chanteuse qui s'est fait chahuter et puis tous ces rires. J’ai toujours été comme ça, quand je m’amuse je pense que tout va s’arrêter et ça me rend triste. Une fois j'avais treize ans, nous sommes allés près d'Oran. Y'avait une fête foraine sur la place, je m'étais beaucoup amusée. Lorsque je suis montée me coucher - l'hôtel était juste face à la fête - par la fenêtre j'ai vu toutes les lumières qui s'éteignaient. J'ai pleuré cette nuit-là et j'ai mal dormi. Au petit matin je me suis levée et j'ai vu une chose terrible : les forains démontaient les baraques, la fête était vraiment finie. Alors j’ai compris que jamais plus je ne pourrais m’amuser dans une fête sans penser qu’elle allait finir. Pendant la semaine est-ce que tu penses à moi Alain?
Lui - Je pense à toi nuit et jour!!
Elle - Tu te moques de moi, je le sais bien. Je te dis que tu joues. Oui, tu joues. Le samedi et le dimanche depuis trois mois on sort ensemble. Pourquoi ? Un jour ou l’autre, peut-être demain, tu m’oublieras.
Lui – Demain, demain, ce sont des mots. Tu aimes les fleurs ? Quand tu les cueilles, tu sais qu’elles vont se faner ? Eh bien l’amour c’est peut-être comme ça.
Elle – Je ne peux pas croire à l’amour comme tu en parles. Si je sais qu’il va mourir, il est déjà mort. J’ai besoin d’être certaine, je suis comme ça. Ça fait longtemps que je voulais m'expliquer avec toi. Le soleil se couche, va falloir se quitter. On ne se verra plus les autres jours Alain, c'est mieux, on n'est pas fait pour s'entendre. Demain c'est lundi j'ai une répétition toute la journée. Est-ce que je vais aimer quelqu’un dans ma vie, est-ce que je vais être heureuse ?
Lui – Sois pas triste Fifi
Elle – Il doit exister un moyen d’être heureux ».